Le revêtement mural transforme n’importe quelle pièce en abri anti-bombes

Au début des années 2000, au plus fort des attentats-suicides meurtriers en Israël, l’entrepreneur Ran Naor a envisagé de créer une entreprise qui fabriquerait des fenêtres et des portes anti-souffle.

Dans le kibboutz Karmia, près de la frontière avec la bande de Gaza, où Naor a vécu la majeure partie de sa vie, il a fondé Ortech Defence Solutions en 2006 – au moment même où la vague d’attentats suicides s’apaisait.

« Nous pensions que la prochaine étape serait des attaques terroristes utilisant des voitures. Dans ce cas, disposer uniquement de fenêtres et de portes de protection ne suffirait pas. Il faudrait que tout le mur soit protégé pour résister à l’onde de choc », explique Naor à ISRAEL21c.

Ce qu'Ortech a finalement développé était un matériau composite breveté unique contenant du plastique renforcé de fibres, qui protège contre les explosions, la fragmentation, la balistique et l'entrée forcée. Ces panneaux muraux peuvent être installés à l’intérieur ou à l’extérieur de bâtiments existants.

«Nous avons lancé une série de tests, utilisant des explosions contrôlées», explique Naor. Certains tests ont été réalisés en coopération avec l'armée, qui pourrait fournir à l'entreprise des explosifs simulant des menaces réelles.

« Des explosifs pesant des dizaines de kilogrammes ont explosé juste à côté des panneaux. Notre produit a parfaitement résisté à cela, protégeant les personnes et les biens à l’intérieur de la pièce. Tout le monde est ressorti sain et sauf. »

Naor admet qu'il existe d'autres sociétés dans le monde qui se spécialisent dans de tels produits. « Mais le matériau qu’ils utilisent est l’acier ; vous êtes donc confronté à un certain nombre d’obstacles.

Il explique que le principal inconvénient des pièces revêtues d'acier est que, comme dans les ascenseurs, l'utilisation du téléphone portable à l'intérieur de ces pièces pourrait être dangereuse en raison de l'exposition accrue aux rayonnements micro-ondes.

« Un problème supplémentaire est la condensation du froid vers la chaleur [à l'intérieur des pièces protégées par l'acier] qui crée de la moisissure », dit-il.

La vague attendue d’attentats à la voiture piégée n’a pas eu lieu. Mais ce qui s’est produit, c’est le désengagement israélien de Gaza, qui a conduit le groupe militant du Hamas à consolider son pouvoir dans la bande de Gaza et à y établir une entreprise de fabrication de roquettes.

Dans les années qui ont suivi, le front intérieur a été de plus en plus exposé aux tirs de roquettes provenant de l’enclave palestinienne. D’abord les communautés bordant la bande de Gaza, puis la majeure partie du sud d’Israël.

La loi israélienne impose qu'un local protégé soit installé dans toutes les constructions résidentielles et industrielles. Cependant, la loi n'a été adoptée qu'en 1992, ce qui signifie que toutes les constructions construites avant cette année sont vulnérables aux menaces pour la sécurité intérieure, ainsi qu'aux tremblements de terre.

Le gouvernement envisage depuis des années une législation qui apporterait une solution aux Israéliens vivant dans de vieux bâtiments, comme le financement de la construction d’espaces de protection. Mais jusqu’à présent, aucune des propositions n’a été adoptée.

Et malgré la coopération d'Ortech avec l'armée, le commandement du front intérieur de Tsahal a autorisé les produits de l'entreprise à un usage civil il y a moins de deux ans, après avoir échoué à trouver une solution adaptée pour les résidents des bâtiments non protégés.

Les particuliers qui souhaitent obtenir une chambre dans leur maison peuvent s'attendre à payer à Ortech entre 25 000 $ et 36 000 $, plus taxes, selon divers paramètres de la construction, explique Naor.

L'un des clients d'Ortech, une organisation appelée Operation Lifeshield, collecte des fonds pour financer des abris pour les communautés israéliennes manquant de protection adéquate dans leurs maisons.

« L'exécution est très rapide et propre ; vous n'avez même pas besoin de quitter la maison lorsque l'équipe travaille.

En plus du revêtement unique, l'entreprise de 15 personnes propose une multitude d'autres solutions de protection, notamment une protection contre les drones, des conteneurs pour matières dangereuses, des toits de bunkers blindés et bien plus encore.

« Nous fournissons une protection à de nombreux sites stratégiques qui doivent continuer à fonctionner en cas d'urgence. Par exemple, le pays ne pouvait pas rester sans électricité pendant une guerre », explique Naor.

« Nous disposons également d’espaces de protection spéciaux pour les matières dangereuses, comme l’ammoniac. En cas de fuite d'ammoniac, vous devez immédiatement évacuer la communauté environnante. Nous avons une solution qui a été autorisée par le commandement du front intérieur », dit-il.